Il était 16h45 lorsque la sirène qui indique le lancement des opérations de levage a retenti. Une fois la circulation bloquée et la travée déverrouillée, le tablier du pont a pu commencer à s’élever pour la 1000e fois depuis 2013, à la vitesse de cinq mètres par minute. Onze minutes et 47 m de course plus tard, la travée du pont surplombait la Garonne, offrant 52 m de tirant d’air au paquebot Silver Siprit pour lui permettre de sortir du port de Bordeaux et rejoindre l’océan.
« En 2013, nous avons remporté un premier marché d’assistance à la réception d’ouvrage, suivi de l’exploitation-maintenance du pont et, cette année, nous avons été reconduits dans nos missions pour huit ans de plus. Concernant l’exploitation, nous effectuons une centaine de manœuvres chaque année —d’avril à octobre, principalement—, ainsi qu’une grosse manœuvre par mois dédiée à la maintenance en hiver. Le système de poulies étant situé en haut des piles du pont, nos techniciens sont formés au métier de cordiste. Ils contrôlent et graissent les câbles, les rails et les guides, sous les 76 mètres de hauteur des piles », indique Anthony Hubert, responsable d’affaires.
Devenu l’un des emblèmes de la ville, ce pont à travée levante est le plus grand d’Europe. Son tablier métallique mesure 117 mètres de long, 45 mètres de large et pèse 2 500 tonnes. Après une ronde d’armement pour vérifier que tous les mécanismes sont fonctionnels, la manœuvre de levage est lancée. Elle nécessite six heures de présence continue sur site et ne peut avoir lieu qu’à marée haute, lorsque la capitainerie du Port de Bordeaux donne son feu vert. Chargés de l’entretien complet de l’ouvrage (hors génie civil et voirie), nos experts n’ont pas le droit à l’erreur.
« Comme le marché prévoit des pénalités en cas de dysfonctionnement lors des manœuvres, nous multiplions les opérations de maintenance préventive. Une équipe de six opérateurs contrôle en permanence les différentes armoires électriques, les quatre moteurs de 130 kW et le système de levage. Située sous le niveau du fleuve, la machinerie de levage est constituée de quatre contrepoids de 600 tonnes chacun (un par pile), qui fonctionnent comme un ascenseur, afin que les moteurs n’aient plus que 100 tonnes à compenser pour que le tablier de 2 500 tonnes puisse s’élever », précise Anthony Hubert.
Affichant un taux de réussite de 100 %, nos spécialistes ont démontré leur savoir-faire et remporté le marché d’entretien de deux autres ponts mobiles pour Bordeaux Métropole. Situés au niveau des bassins à flots, à proximité immédiate de la Cité du Vin, ces ponts tournants anciens ont un rôle stratégique dans la circulation urbaine. Ils permettent le passage du tramway et son cheminement jusqu’au dépôt.